Le 4e trimestre ; s’adapter à une nouvelle vie
La période de la grossesse s’étend généralement sur 9 mois, donc plus ou moins 40 semaines. Pour faciliter le compte et pour circonscrire les stades de développement du fœtus ainsi que les changements qui s’opèrent chez la maman, il est coutume de scinder le moment de la gestation en 3 temps; le premier trimestre (semaines 1 à 14), le deuxième trimestre (semaines 15 à 28) et le troisième trimestre (semaines 29 à 40). Chaque trimestre amène sa part de surprises, d’inconnu, de rendez-vous médicaux, de choix, de transitions, de développements et de nouveautés. Pendant 9 mois, les nouveaux parents appréhendent la venue au monde de bébé et se préparent à l’accouchement qui marquera le début de leur nouvelle vie de famille.
En contrepartie, la période postnatale est encore très peu discutée, même durant les cours prénataux qui n’allouent qu’une petite séance à ce qui se passera « après », comme si la suite allait de soi. Pourtant, de plus en plus de spécialistes reconnaissent les trois mois suivants la naissance d’un enfant comme étant un trimestre à part entière ; le 4e trimestre.
La phase post-accouchement requiert un temps d’adaptation. D’abord pour adoucir la dissociation des corps de maman et bébé. Ensuite, pour laisser à toutes les parties (papa, maman, bébé, frère, sœur) de s’apprivoiser et d’instaurer un nouvel équilibre familial.
Le concept du continuum
C’est Jean Liedloff, auteur américain célèbre pour son essai Le Concept du continuum : à la recherche du bonheur perdu qui soulève pour la première fois la théorie du 4e trimestre en 1975. Sa conclusion est simple ; dès la naissance, le contact physique mère-enfant doit être préservé jusqu’à ce que celui-ci puisse s’en détacher par lui-même, en toute confiance.
La fusion vécue durant les 9 mois de grossesse entre un nourrisson et sa mère devrait donc se prolonger naturellement une fois la venue au monde. Ce que bébé expérimentera dans les premiers moments suivant sa naissance sera déterminant et s’ancrera pour le reste de sa vie. Ainsi, il est impératif pour le nouveau-né de créer un lien d’attachement stable, harmonieux et conséquent avec maman. Ce besoin agit au même titre que la nécessité de boire, manger, dormir et respirer.
De l’intérieur à l’extérieur
Pendant 9 mois, bébé se développe dans l’utérus, un endroit tempéré, doux, confortable, rassurant. L’espace y est restreint, la nourriture à volonté et sans effort, il fait noir et les sons lui parviennent de façon étouffée. Bébé ne sent pas le poids de son corps et flotte dans un milieu aquatique, connecté 24/7 avec sa mère.
Puis vient le jour où tout s’arrête, où cette vie connue fait place à de grands changements. Bébé est projeté dans le monde réel, lumineux, bruyant, insécurisant. Ne voyant qu’à peine, ses seuls repères sont la voix de papa et maman, leurs odeurs et la chaleur de leur corps. Maman est d’autant plus réconfortante, car elle nourrit et apaise à la fois. Pour la première fois, bébé doit « agir » pour obtenir quelque chose ; tété pour soulager la faim, pleurer pour signaler un inconfort, une douleur, une peur, etc.
Comprendre la transition à laquelle fait face un nouveau-né, dès ses premiers jours de vie, ouvre la porte à l’empathie, à l’écoute et à l’assistance. Il existe de nombreuses façons d’aider bébé à traverser cette période mouvementée et à sécuriser les liens d’attachement mère-enfant qui sont si précieux.
Un 4e trimestre en douceur
Le 4e trimestre désigne les trois mois suivants la naissance d’un enfant. En mettant dès lors des actions favorisant le passage en douceur du monde intra-utérin au monde extérieur, les parents mettent toutes les chances de leur côté de voir s’épanouir bébé naturellement et sereinement. Ces trois mois, ils permettent d’instaurer des fondations solides qui perdureront dans le temps.
Le peau à peau
Lors d’un accouchement sans complication, bébé est généralement posé immédiatement sur le ventre de sa mère dès la naissance. Ce moment touchant est d’autant plus significatif, puisqu’il fournit déjà le meilleur sentiment de sécurité au nouveau-né et constitue le premier geste scellant la relation mère-enfant.
Favorisez ce contact peau à peau dans les heures et les jours de qui suivent pour calmer, rassurer et apaiser bébé. Ce contact physique prolongé a comme pouvoir de tempérer le nouveau-né, d’harmoniser ses battements de cœur et de réduire son stress. Il encourage également la montée d’ocytocine (hormone de l’amour et de l’attachement) chez maman (ou papa) et bébé. Toutes les excuses sont bonnes pour se coller [souvent] peau contre peau ; les massages, les caresses, les bains à deux, les moments de détente, etc.
Le portage
Quelques semaines après la naissance, vous ressentirez peut-être l’envie de bouger, de vous activer. Le portage permettra à la fois cette mobilité tout en conservant votre enfant à proximité. Ventre contre ventre, les mouvements berceront bébé, semblablement à sa vie « d’avant ». Tout comme le contact peau à peau, le portage permet un échange de chaleur, une régularisation des fréquences cardiaques du petit et surtout, le sentiment de sécurité et d’apaisement.
Optez pour un porte-bébé qui respecte la physiologie et l’ergonomie de bébé. Bougez, dansez, marchez avec lui et permettez-lui de voir la vie telle que vous la percevez. Papa peut également porter l’enfant et ainsi créer à son tour un lien solide, un sentiment d’affection durable et réciproque.
Le cododo
Dans les premiers temps, la nuit constitue une période insécurisante pour bébé. Il fait noir, la maison est soudainement silencieuse et l’enfant ne voit plus ses parents. Gardez-le près de vous, votre présence seule saura le rassurer. Vous aurez peut-être ainsi de meilleures nuits de sommeil et l’allaitement nocturne en sera facilité. Dans un moïse annexé au lit conjugal, dans un berceau dans votre chambre ou directement dans votre lit, l’important est de trouver la méthode la plus adaptée pour vous et la plus sécuritaire. Au fond, bébé doit pouvoir vous sentir tout près en cas de besoin, et ce, jour et nuit.
L’allaitement (l’alimentation)
L’allaitement est un moyen unique d’adoucir la période transitoire des premières semaines de vie de bébé. Lors des tétées, celui-ci profite des bienfaits incontestables du lait maternel, en plus de ceux associés au sentiment d’attachement. Un lien à la fois physique et émotionnel se créer entre la maman et l’enfant. Pour le tout petit, l’action de téter lui procure un bien-être profond de réconfort, de satiété et de relaxation.
De plus, il vaut mieux nourrir bébé à la demande, qu’il soit allaité ou non. Même si les boires sont courts et rapprochés, ils suivent l’appétit et s’ajustent aux besoins nutritionnels de l’enfant. Laissez tomber l’horloge et tentez de vous laisser bercer par le rythme naturel du nourrisson.
Si les bébés venaient au monde tout à fait autonome, ils pourraient se mettre sur leurs jambes et marcher dans les quelques heures suivant la naissance, comme c’est le cas chez plusieurs espèces. La réalité, c’est qu’un enfant naît vulnérable, dépourvu et qu’il doit s’en remettre à ce qu’il connaît ; ses parents. Dans les premiers temps, il doit apprivoiser le monde dans lequel il évoluera et trouver ses repères. Le rôle de papa et maman est alors de mettre en œuvre des actions visant à sécuriser bébé, à l’envelopper de chaleur, d’attention, d’écoute et d’amour. Le 4e trimestre est un moment charnière, une période d’adaptation et d’ajustement permettant de jeter les fondements d’une toute nouvelle vie.
Sources :
https://www.viedeparents.ca/9-mois-trois-trimestres/