Devenir père m'a amené à revoir mes principes
Quand ma copine m’a annoncé que j’allais devenir papa, le premier réflexe que j’ai eu a été de l’embrasser et de la serrer très fort dans mes bras. Je me suis senti tellement chanceux. Je n’arrivais plus à penser, mon cerveau avait besoin de temps pour assimiler la nouvelle et bien saisir l’implication que ça allait avoir dans nos vies.
On en a parlé pendant des heures, puis on s’est couché avec le sourire. Parce qu’après plus d’un an d’attente, à se demander pourquoi ça ne fonctionnait pas, j’en étais venu à me demander si ce jour-là allait finalement arriver. On le voulait vraiment cet enfant, jusqu’à consulter une spécialiste en fertilité pour augmenter nos chances d’y arriver.
Durant les deux ou trois mois qui ont suivi, notre routine n’a pas beaucoup changé. Quelques épisodes de fatigue, la nausée du matin, mais rien d’alarmant chez la maman. C’était « business as usual » : métro, boulot, dodo.
J’ai pris la décision d’attendre à la 20e semaine de grossesse avant d’annoncer la bonne nouvelle à mes collègues. J’étais impatient de leur en parler, mais je savais que ça allait changer la perception des gens envers moi et la dynamique au sein de l’équipe. Quand on travaille en agence, on ne compte pas ses heures et on doit se montrer disponible. Mais la vraie raison, c’est que je ne voulais pas vendre la mèche et m’en mordre les doigts par la suite. On ne sait jamais ce qui peut arriver!
Comme c’était notre premier enfant, elle m’a encouragé à lire sur le sujet. Elle me partageait des articles de blogue, me suggérait des livres et des vidéos qu'elle me décrivait comme étant « super intéressantes ». Je savais qu’elle avait assimilé l’information et c’est comme si je m’attendais à ce qu’elle m’en fasse un sommaire exécutif concis et vulgarisé. Dans ma tête il n’y avait pas de doutes, tout allait bien aller. J’avais confiance en ma copine et je savais qu’on serait prêts, peu importe le nombre de textes que j’aurais lus ou non.
Rapidement, on dut choisir le type d’accompagnement à la naissance. On a discuté des options relatives au lieu de naissance et au type de préparation qu’on devait faire. Comme pour bien des nouveaux parents, la première étape fut les cours prénataux. J’y allais pour lui faire plaisir et je dois avouer que ces cours n’ont pas fait une immense différence dans notre préparation ni eu un grand impact dans ma perception face à notre nouveau rôle de parent.
Elle m’a ensuite parlé de la méthode Bonapache, puis nous a inscrits à une journée de formation. On a passé plusieurs heures à discuter avec quatre autres couples de leurs expériences antérieures, certains étaient déjà parents, mais aussi de leur vision face à l’arrivée d’un nouvel enfant. J’ai dû remballer mon scepticisme, mes préjugés et m’ouvrir au groupe. Je dois avouer être sorti de là avec des techniques, des outils, mais surtout une plus grande ouverture d’esprit.
Un mois avant l’accouchement, j’ai diminué mes heures de travail et j’ai finalement accepté de visionner les capsules vidéo de préparation virtuelle à la naissance de Karine la sage-femme. Comme le jour J arrivait à grands pas, j’ai compris qu’il était temps que je m’investisse réellement et que je démontre de l’intérêt pour ce qui comptait pour elle. Ce qui m’a le plus frappé, c’est le regard étincelant de ma copine qui regardait Karine parler d’une voix calme et reposée. Après chaque capsule, elle se sentait de plus en plus sereine et en contrôle. C’est à partir de ce moment là que j’y compris que je devais changer ma mentalité, véritablement embarquer avec elle et l’épauler dans sa préparation.
Étant quelqu’un de terre à terre, voire extrêmement rationnel, ma perception des choses était que les suivis et l’accouchement devaient absolument se faire à l’hôpital. On me parlait de maisons de naissance, en vantant le côté enveloppant, « l’oasis de paix » que ça procurait, en opposition aux bruits et aux néons d’une chambre d’hôpital. Pour moi ça ne faisait tout de même aucun sens et je n’ai jamais accepté de même considérer cette option. Si par malheur il y avait des complications, je préférais être entouré de médecins spécialistes que de sages femmes.
Puis, le jour de l’accouchement est arrivé. Les médecins, spécialistes et infirmières ont fait un travail incroyable, mais quelques complications sont survenues.
J’ai été déçu de l’ambiance hostile qui régnait dans la chambre et des protocoles très serrés qui devaient être suivis, sans véritable considération pour la maman. Plutôt que de laisser le corps humain faire son travail, il fallut la provoquer, accélérer le processus et brusquer les étapes. Tout ça parce que leur quart de travail allait changer et que d’autres mamans attendaient la venue du médecin.
Par chance, nous étions accompagnés par notre amie Marie-Eve Caron, qui joua le rôle de doula. Elle nous permit d’entrer dans notre bulle entre les interventions protocolaires, de nous connecter et d’oublier ce qui nous entourait afin de laisser le corps humain faire son travail. Quand les complications sont survenues, c’est à elle que je me suis raccroché pour garder mon calme et ne pas sombrer dans une crise de panique. À ce moment-là, j’ai compris la pertinence des maisons de naissance. Je me suis senti coupable d’avoir fermé catégoriquement la porte à cette option. J’aurais voulu revenir en arrière et mieux m’informer pour permettre à ma copine de vivre cette épreuve dans de meilleures conditions. J’ai senti que si on avait laissé la nature faire son travail, les complications ne seraient probablement pas survenues et on ne se serait pas mis le doigt dans l’engrenage des protocoles. (Rien de scientifique ici, juste ma perception des choses)
Cette longue journée en dents de scie s’est terminée avec le plus extraordinaire moment de ma vie. Je tenais enfin ma fille et elle me regardait avec ses beaux yeux bleus. Le feeling du premier regard ne se décrit pas. Le sentiment de l’aimer sans la connaître. Tout ça peut sembler cliché, mais l’émotion était bel et bien au rendez-vous.
La bonne nouvelle, c’est qu’on s’était fait conseiller de se créer un cocon, de n’accepter ni visite à l’hôpital ni à la maison dans la première semaine. Avec recul, je suis très content d’avoir acquiescé à cette demande. Ça m’a permis de me connecter avec ma fille en apprenant à la connaitre en plus de partager des moments précieux à trois.
Pendant les trois semaines suivant notre retour à la maison, j’ai changé des couches et je me suis occupé de ma famille. On a discuté, on a eu le temps de faire une rétrospective et j’ai compris que la parentalité proximale n’est ni une histoire de hippies ni de granos. C’est simplement une philosophie de vie qui t’encourage à respecter la nature humaine. Parce que oui, l’humain est bien fait!
J’ai alors pris la décision d’encourager ma copine dans ses choix. Elle a allaité, on a pratiqué le cododo, la DME, le portage et encouragé la motricité libre le plus possible. En a encouragé notre fille à ramper et à marcher à quatre pattes avant de marcher debout. On lui parle, la stimule et lui chante constamment des chansons. Plus ma fille vieillit, plus elle me fait rire et qu’elle me rend fier.
On se questionne maintenant à savoir si l’on souhaite avoir un deuxième enfant et quelles implications ça aurait sur notre quotidien, notre budget, mais surtout sur le développement de notre fille. Après tout, on a tous les deux eu la chance de grandir entourés de frères et soeurs.
Une chose est certaine, si la vie fait en sorte qu'un deuxième enfant apparaisse dans nos vie, je vais aborder l’aventure avec une vision bien différente.
- un papa qui voit maintenant les choses différemment
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